Nous arrivons déjà dans le dernier Etat américain que nous traverserons. Très vite, le paysage annonce la couleur : du vert et du transparent!Comme notre premier camp au bord d’un lac à l’eau limpide, bordé d’une forêt de conifères. Le Montana est un État peu peuplé. On nous dit qu’il y a beaucoup d’agriculture à l’Est puis les Rocheuses qui passent au milieu. C’est le côté montagne qui nous intéresse et que l’on est venu voir : il est majestueux. On y trouve quelques villes, dont Helena la petite capitale, mais elles sont toutes de taille fort modeste. Il paraît que nous loupons la meilleure ville, Missoula, capitale de l’outdoor (ne le sont-elles pas toutes par ici?). Voilà, on tient une bonne raison de revenir.
La météo nous accorde quelques jours d’un temps correct, et autant dire que ça a un impact très positif sur notre moral. Un peu de vent de face en contrepartie, c’est pas le meilleur des deals mais c’est mieux que de la pluie. Kri, qui aime bien appuyer fort sur les pédales quand ça souffle, passe de longs moments à couper le vent pour Amélie. Chaque fois qu’elle essaie de prendre le vent au même rythme, elle s’épuise en 10 minutes. C’est toujours ça de pris!
Un soir de chance, nous arrivons dans une distillerie de whisky qui accueille les cyclistes. On nous avait dit qu’ils ouvraient leur jardin, pas que leurs alcools étaient délicieux! Ils font des visites et des dégustations. C’est donc bien entamés, après deux échantillons, que nous rejoignons notre tente. On ne vous dit pas le plaisir que nous avons eu en trouvant dans la cour un carton plein de fins de bouteilles! On a fini notre dégustation au campement… Et on a bien dégusté aussi le lendemain matin. C’est fou ce que l’exercice physique quotidien rend sensible à l’alcool.
Avec le retour du mauvais temps, nous retrouvons le réseau Warmshower. A Butte (prononcer « bioutte »), John nous reçoit. Il nest pas bavard contrairement à nous mais nous fait un excellent accueil. Il adore cuisiner et a bien compris le rapport des cyclistes à la nourriture. A peine arrivés, nous attendent un énorme plat de riz, des black eyed peas préparés à la Lousiane et du poisson frais qu’il pane et sert avec sa sauce maison dont on garde la recette… Autant dire qu’on a fait honneur! Un accueil simple et chaleureux dont nous avions bien besoin sans nous en rendre compte. Et l’espoir de laisser passer les pluies torrentielles qui s’abattent sur le Montana ces quelques jours.
Sur le parcours que nous suivons, se déroule chaque année une course de vélo d’ultraendurance en autonomie. Le départ à été lancé à Banff, Canada, quelques jours avant notre arrivée chez John. Ils vont parcourir les 4300km de la Divide le plus vite possible et sans assistance. L’aide extérieure est interdite pour mettre à égalité les concurrents locaux et étrangers, ceux-ci ne disposant pas d’une équipe et de logistique sur place ni du soutien d’amis ou de famille sur le parcours. C’est une épreuve individuelle donc, mais c’est une course de fous! Les premiers n’ont pas dormi les 3 premiers jours. Ensuite ils ont fait des stops de quelques heures. Ils veulent réaliser la traversée en 16 jours! En quittant Butte, nous croisons quelques coureurs, de ceux qui arrivent à faire 100 à 120 miles par jour, soit plus de 165km/jour sur de la piste avec du dénivelé bien sévère! Que paraissons nous à leurs yeux avec nos énormes sacoches? Nous n’en savons rien. Par contre, pour notre part, nous revivons un peu l’expérience que nous avions vécue en bateau lorsque nous nous étions retrouvés sur l’itinéraire de la course de voile de la Route du Rhum dans notre catamaran de tourisme. Réminiscence de ce sentiment d’être un mobile-home sur un circuit de Formule un.Amélie est séduite par ce style de vélo et la légèreté de l’équipement embarqué, à part qu’ils ont l’air de sérieusement rogner sur les réserves se nourriture et ça, c’est pas possible! Cela dit, on a découvert qu’il y avait désormais une French Divide sur le modèle américain, à bon entendeur…
Le soir, au premier campement après Butte, nous sortons l’apéritif et encourageons les quelques illuminés qui se sont lancés dans cette course folle. Le lendemain, encore quelques coureurs qui ont décroché du train des 100 miles par jour et essaient encore 100km, ce qui est déjà honorable (énorme!) à nos yeux. Nous remettons la palme à cet homme de 70 ans, parti avec le peloton sans prétendre faire la course, qui n’était pourtant pas le dernier des coureurs et surtout ne paraissait pas du tout au bout du rouleau comme certains d’entre eux. Il avait plutôt l’air d’avoir 55 ans que 15 de plus. Nous nous accrochons beaucoup à ce genre d’images car ça nous donne espoir de pouvoir rouler à travers bon nombre des pays qui sont sur notre « whish list » et de faire encore pas mal de kilomètres avant que nos corps ne suivent plus notre tête.A Helena, Mary Helen et Matthew nous attendent. Ils nous attendent d’ailleurs plus longtemps que nous l’avions imaginé, le chemin que nous prenons est particulièrement hardu. Très raide et caillouteux, même sec, il reste bien difficile à franchir. Des coureurs, bien plus légers que nous nous avaient annoncé une section très technique, ils n’ont pas menti.Ce couple de 70 ans à peu près vit dans la capitale du Montana. La plus grosse ville des États-Unis que nous verrons d’ailleurs: 35 000 habitants! Ils tiennent une forme physique incroyable. Entourés par les montagnes, ils font du vélo tout l’été et, l’hiver venu, ils louent leur maison aux skieurs et voyagent. Ils en ont vu des paysages et nous parlent de pays qui ont bien changé entre leur visite et la nôtre, et puis ils nous racontent d’autres pays dont nous rêvons encore. Tout ça autour de repas de rois!
Ils nous emmènent même en 15 minutes de marche par un sentier pédestre très nature à une brasserie locale qui sert de très bonnes bières avec du pop corn à volonté. Quand on vous dit qu’on se sent bien à Helena. Mary Helen et Matthew ont tenu un restaurant en ville. Ils étaient dans la mouvance circuit court bien avant l’heure et ont l’air d’avoir eu leur succès ainsi que leur dose de travail.
Comme nous parlons souvent de ce que nous ferons de retour en France, ils nous ont répété le plus possible de ne pas ouvrir de restaurant si l’on veut avoir une vie privée! N’empêche que ça a l’air d’être leur plus grande fierté ce resto. Nous recevons encore un accueil des plus chaleureux. Dans ce réseau où l’idée est « pay forward », ce que nous recevons, il ne faut pas le rendre à nos hôtes mais à nos futurs invités cyclistes, quand, à notre tour, nous en recevrons. Mais à ce niveau là, la barre est haut placée.
Tout comme le lendemain soir où nous arrivons chez une hôte, Barbara, dont l’histoire circule pas mal : un cycliste fit étape chez elle un soir. Il repart le lendemain mais un orage l’oblige à faire demi tour. Il revient donc à la « lama’s farm » (Oui, c’est une ferme de lamas!). En chantant du Brassens peut être : « je suis seul et j’ai peur, ouvrez-moi par pitié ». Barbara l’a mis en sécurité entre ses bras câlins, et puis l’amour a fait le reste. Quand Jupiter alla se faire entendre ailleurs, John n’est jamais reparti! Depuis, ils continuent à construire des petites cabanes toutes mignonnes pour les cyclistes de passage.











putain de merde, envoyez-moi vos coordonnées GPS, j’arrive !!!
Génial ! Un beau voyage et un super récit qui fait trop envie. 😜🚴
Super nostalgique que de vous lire. Avons roulé dans le Montana l’année passée et nous avons adoré cette region sauvage et grandiose. Racontez nous vite le Canada que nous ne connaissons pas et belles rencontres